,,D’après le texte “Alice im Wunderland” de Lewis Carroll proposé dans le cadre du module 2 du cours 1-601 - Langue : aspects linguistiques et textuels de la HEP Fribourg.
De quoi parle ce texte ?
Dans cet extrait, Alice est engagée dans une discussion avec Goggelmoggel. Cet étrange personnage décide lui-même de la valeur qu’il donne à un mot et le revendique « «Wenn ich ein Wort gebrauche», sagte Goggelmoggel in recht hochmütigem Ton, «dann heisst es genau, was ich für richtig halte – nicht mehr und nicht weniger.»» (Lewis Carroll, 1973, p. 210). Il est alors compliqué pour Alice de comprendre ce que veulent dire les propos de son interlocuteur. La conversation entre les deux protagonistes est tout à la fois absurde, décousue mais aussi très drôle.
Pourquoi ce choix ?
Déjà pour nous lancer le petit défi de lire en allemand, qui au vu de la complexité du texte s’est transformé rapidement en un véritable challenge !
Plus sérieusement, l’extrait de « Alice im Wunderland » nous semblait être tout indiqué pour faire des parallèles avec la théorie du signe linguistique de Ferdinand de Saussure (1875-1913) que nous avions vu en classe. En effet, ce dernier compare le signe linguistique à une pièce à deux faces, avec d’un côté le signifié et de l’autre le signifiant. Ainsi, comme le montre le schéma ci-dessous, les personnes germanophones associent le son « Haus » avec l’image de la maison.
Ce qui permet aux personnes d’une même langue de se comprendre, c’est que tous acceptent que ce son désigne cette image.
L’art de l’embrouille linguistique
Comme nous pouvons le constater dans l’extrait de Lewis Carroll (1973), il devient très vite compliqué de se comprendre lorsqu’une personne décide de sa propre norme de la langue. Chacun d’entre nous a certainement déjà fait l’expérience de se retrouver face à un interlocuteur de langue étrangère et qu’aucun des deux ne comprenne la langue de l’autre. Même avec toute la bonne volonté du monde, l’échange entre les deux personnes reste toujours assez superficiel. C’est exactement ce qui arrive dans l’extrait que nous avons choisi, les deux personnages ont une conversation qui reste uniquement sur la signification des mots, puisqu’ils en ont les deux une conception différente. Excluant ainsi la possibilité d’approfondir un sujet en particulier.
Toutefois, si décider de sa propre norme de la langue en inventant des mots ne permet généralement pas d'être compris, il convient cependant de reconnaître que la langue allemande, elle, donne la possibilité d'élaborer de nouveaux mots qui ont du sens. Comme on peut le voir sur cette amusante vidéo
Rhababer-Barbara-Bar - YouTube (Henning Von Berg, 2013).
Dans notre réalité
La communication en elle-même est une chose assez incroyable, puisqu’elle permet de comprendre et de se faire comprendre. Nous n’avons pas fait mieux pour rassembler ou déchirer les personnes, les familles ou les peuples. Il est important de relever également que dans notre monde de communication ultrarapide, et malgré le fait que les personnes parlent la même langue, il arrive fréquemment que l’incompréhension soit la source de conflits qui tournent parfois en histoires sordides se retrouvant dans les colonnes des faits divers des journaux.
Le fait divers est d’ailleurs un exemple intéressant. Bien que répondant aux propres codes de son genre littéraire, il est intéressant de relever qu’afin qu’il soit compris par tout le monde, il est primordial que les mots utilisés par le journaliste aient le même sens pour lui que pour ses lecteurs. Imaginez sinon les quiproquos et incompréhensions que cela pourrait donner. Prenons l’exemple du mot braqueur. Pour les personnes de langue française ce mot est un synonyme de voleur.
Un journaliste pourrait écrire :
« Les braqueurs sont arrivés dans le magasin et le vendeur a supplié de tout prendre et de le laisser partir ».
Pourtant, si une personne décidait que pour elle le mot braqueur était un synonyme du mot solde elle pourrait comprendre :
« Les soldes sont arrivés dans le magasin et le vendeur a supplié de tout prendre et de le laisser partir ».
Et dans le cadre de l’école primaire ?
Pour que l’enseignant puisse enseigner et les élèves apprendre, il est important que les deux se comprennent mutuellement au niveau linguistique.
Lorsqu’un enseignant en cours de gymnastique demande aux élèves de sauter trois fois sur place, ces derniers, pour autant qu’ils soient attentifs mais cela est un autre sujet, vont s’exécuter. Pour les élèves les mots « sauter », « trois », « fois », ont un sens propre à eux-mêmes.
Pourtant il arrive que le premier apprentissage d’un enfant à l’école soit la langue. Cela peut concerner n’importe quel degré scolaire mais on l’expérimente particulièrement à l’école enfantine ou dans les écoles situées en ville, accueillant une population plus diversifiée et donc un nombre plus important d’élèves allophones. Avec ces derniers, les mots de la maitresse seront au début de l’année scolaire vide de sens, jusqu’à ce que petit à petit ils adoptent la norme de la langue utilisée en classe.
La communication : outil fabuleux et parfois jeu dangereux
Comme nous l’avons vu précédemment, que ce soit dans un fait divers, dans le cadre scolaire ou dans la vie quotidienne, la communication peut déjà vite devenir compliquée. Et il arrive parfois, notamment dans des conversations par messages instantanés, que les échanges prennent un peu des allures de « Alice im Wunderland », où les deux protagonistes, bien que parlant la même langue ne se comprennent pas. Alors, manions la langue avec prudence !
Et vous chères lectrices et chers lecteurs...
Vous êtes vous déjà retrouvés dans des situations, où bien que parlant la même langue que la personne en face de vous, vous ne la compreniez pas? Un peu à l'image d'une scène culte du film "Le Dîner de cons" (Veber, 1998), que la plupart des francophones connaissent et dont l'absurdité de la situation les fait encore rire aujourd'hui :
Juste Leblanc | "Le diner de cons" - YouTube (Films Cultes, 2019).
Caroll, L (1973). Alice im Wunderland (31. Aufl. ). Inserl Verlag, consulté le 4 novembre 2021
Quel beau challenge vous avez choisi en prenant ce texte! Et je dirais quelle performance après l'avoir lu! L'introduction est accrocheuse et la suite du texte bien structurée pour faciliter la compréhension. Les explications théoriques et les exemples sont simples mais favorisent énormément la compréhension. Le côté ludique et farfelu de la conversation entre Goggelmonggel et Alice représente bien l'incompréhension que peut provoquer un échange entre deux personnes qui ne partagent pas le sens des mots utilisés.
D'avoir des exemples concrets de la vie de tous les jours, mais surtout de ce que cela signifie en classe est très enrichissant en tant que future enseignante. En effet, les obstacles que peuvent rencontrer les élèves allophones ne sont pas négligeables dans notre…
Tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour le choix du texte de Lewis Caroll en allemand. J'imagine bien que ça n'a pas dû être facile mais je trouve que vous avez fait un super job! J'aime beaucoup le fait que vous ayez simplifié les explications sur le "signifiant" et le "signifié" afin que tout un chacun puisse comprendre le sens de votre article. De plus, les exemples que vous avez choisis, comme "le braqueur" et "les soldes" (qui permet de faire un lien entre votre texte de base et le texte de L. Caroll) et l'exemple dans le cadre de l'enseignement, sont parlant et permettent de bien comprendre où vous voulez en venir avec vos explications. Justement je trouve…